Midi Libre, le 3 Avril 2004

Moullec, l'autre carrière d'un jeune reconverti

Il pourrait afficher ses matches comme un militaire bombe ses rangées de médailles. "Vingt-cinq au total à huit journées de la fin, contre vingt-deux la saison dernière", précise Guillaume Moullec sans aucune fierté.

Sa fierté, il la place ailleurs, dans ce maintien qui, de match en match, s'annonce difficile. Très difficile. "Tant que, mathématiquement, l'écart n'est pas insurmontable, on peut y croire. Mais par rapport au nombre de points qui reste à prendre (24), il y a quand même urgence d'autant que le sort de Montpellier dépend aussi de ses adversaires directs. Mais le programme des autres n'est pas facile non plus, alors..."

Alors, il y a de l'espoir. "Personne dans l'équipe n'a envie de jouer en Ligue 2. Jusqu'au bout on fera tout pour se sauver. Et contre Lens, il nous faut les trois points, on n'a plus le choix... "

Des mots, toujours des mots, encore des mots ? Non, le Breton n'est pas flagorneur. Il y croit parce qu'il mesure petit à petit le chemin parcouru par une équipe qui a été déboussolée par une tempête de défaites depuis ce 29 novembre maudit au Mans (0-4). "Je remarque un meilleur comportement sur le terrain et aux entraînements. L'équipe est plus ordonnée mais ça ne suffit pas car il nous manque toujours les points. Les matches à Guingamp et à Nantes nous ont frustrés. Ce but de Moldovan, c'est un véritable coup de massue..."

Guillaume Moullec est ce que l'on peut appeler un collectif, du genre à préférer parler des autres, moins de lui-même. Pourtant le sujet ne manque pas d'intérêt depuis que Robert Nouzaret a déniché en lui un milieu de terrain plutôt efficace. Et on n'est peut-être pas prêt de le revoir en défense... "Je recommence mon apprentissage à une place que j'aime bien car elle est moins restrictive. Deux ans et demi que je n'avais plus évolué à ce poste, c'était avec la CFA", dit-il. "Je n'ai pas beaucoup de mérites car, s'agissant de mon poste de formation, j'ai eu plus de facilités pour trouver mes marques", ajoute le reconverti. "Quand Robert Nouzaret m'a demandé quel était mon poste à l'origine, je ne pensais pas un seul instant qu'il allait me repositionner en milieu dès le déplacement à Guingamp. Mais j'ai vite retrouvé mes sensations."

Ce soir-là dans les Côtes d'Armor, l'air du pays breton a donc flotté sur la pelouse du Roudourou "car en plus, j'ai marqué un but", rappelle Guillaume Moullec. Oui, un but pour du beurre car la défaite (3-4) fut encore de la partie. Mais le fait d'avoir marqué dans une position... d'avant-centre, lui a fait pousser des ailes.

Etonnant ? Pas vraiment ! "J'aime bien aller vers le but mais en tant que défenseur et dans un souci de replacement, j'étais un peu frustré de ne pas aller au bout de mes intentions. Aujourd'hui, la plus grosse partie de mon poste concerne l'offensive."

Encore faut-il que Guillaume Moullec trouve un juste milieu à son jeu, qu'il pèse davantage sur l'efficacité globale de l'équipe montpelliéraine : "Je dois progresser avec le ballon, faire la passe juste et trouver le bon choix, explique-t-il. Etre décisif dans l'action individuellement ou collectivement."

Dans l'équilibre que semble avoir trouvé Robert Nouzaret, le poids de Guillaume Moullec n'est pas négligeable sur le côté droit. Mais une bonne nouvelle sans bon résultat n'est pas tout à fait une bonne nouvelle.

Jean-Bernard STERNE