Moullec
: "Cela nous a remué"
Le Breton symbolise le refus
de céder au découragement d'un Montpellier au bord de
la crise de nerfs.
Des visages fermés, des yeux rougis,
de longs silence, une séance de décrassage effectuée dans
la nuit noire sous la pluie et la lumière blafarde des
projecteurs du Roudourou. Georges Simenon, le père de
Maigret se serait probablement délecté de cette ambiance
glauque.
En égalant le triste record de
feu le SOM - Un point pris en quatorze matches-, le Montpellier
de Louis Nicollin est entré dans l'histoire. Cette funeste
série s'arrêtera-t-elle un jour ? Entre le pénalty loupé
contre Bastia, celui refusé à Pataca contre Marseille,
l'expulsion de Gathuessi à Guingamp, les déclarations
d'un président à cran, les "cagades" d'une défense stabilisée,
on se demande si Montpellier n'est pas possédé par le
démon.
Paradoxalement, cette situation
chaotique engendre de touchants réflexes de survie. Ceux
d'un Loulou rageur et larmoyant dans un vestiaire transformé
en chapelle ardente, ceux d'un Guillaume Moullec, porte-parole
d'une génération de gamins, attachants parce que naïfs
: "Nous ne lâcherons rien car le Président nous l'a
demandé. Une carrière, cela passe forcément par ce genre
de galère. Pour lui, on s'accrochera jusqu'au bout C'est
quelqu'un de sentimental. Le voir dans cet état, cela
nous a remués. On lui est redevables de quelque chose."
Moullec et ses copains croient-ils
au miracle ou font-ils semblant d'y croire ? Difficile
de cerner la vérité. Celle du terrain et des chiffres
ne laisse en revanche planer aucune ambiguïté. Les quatre
buts supplémentaires encaissés au Roudourou ne doivent
en effet rien au hasard. Heureusement, Riou évita le carnage.
Moullec ne veut rien entendre de tout cela. Milieu, arrière
latéral, défenseur, aboyeur, buteur occasionnel, il a
décidé de grimper sur les barricades. Pour l'honneur et,
qui sait, pour le salut : "Il reste des points à prendre.
On les prendra. Je suis sûr que cette expérience va nous
rendre plus forts." La volonté suffira-t-elle à briser
la spirale infernale ? Rien n'est moins sûr.
Jacques FRENE
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