Midi Libre, le 15 Mars 2004

Moullec : "Cela nous a remué"

Le Breton symbolise le refus de céder au découragement d'un Montpellier au bord de la crise de nerfs.

Des visages fermés, des yeux rougis, de longs silence, une séance de décrassage effectuée dans la nuit noire sous la pluie et la lumière blafarde des projecteurs du Roudourou. Georges Simenon, le père de Maigret se serait probablement délecté de cette ambiance glauque.

En égalant le triste record de feu le SOM - Un point pris en quatorze matches-, le Montpellier de Louis Nicollin est entré dans l'histoire. Cette funeste série s'arrêtera-t-elle un jour ? Entre le pénalty loupé contre Bastia, celui refusé à Pataca contre Marseille, l'expulsion de Gathuessi à Guingamp, les déclarations d'un président à cran, les "cagades" d'une défense stabilisée, on se demande si Montpellier n'est pas possédé par le démon.

Paradoxalement, cette situation chaotique engendre de touchants réflexes de survie. Ceux d'un Loulou rageur et larmoyant dans un vestiaire transformé en chapelle ardente, ceux d'un Guillaume Moullec, porte-parole d'une génération de gamins, attachants parce que naïfs : "Nous ne lâcherons rien car le Président nous l'a demandé. Une carrière, cela passe forcément par ce genre de galère. Pour lui, on s'accrochera jusqu'au bout C'est quelqu'un de sentimental. Le voir dans cet état, cela nous a remués. On lui est redevables de quelque chose."

Moullec et ses copains croient-ils au miracle ou font-ils semblant d'y croire ? Difficile de cerner la vérité. Celle du terrain et des chiffres ne laisse en revanche planer aucune ambiguïté. Les quatre buts supplémentaires encaissés au Roudourou ne doivent en effet rien au hasard. Heureusement, Riou évita le carnage. Moullec ne veut rien entendre de tout cela. Milieu, arrière latéral, défenseur, aboyeur, buteur occasionnel, il a décidé de grimper sur les barricades. Pour l'honneur et, qui sait, pour le salut : "Il reste des points à prendre. On les prendra. Je suis sûr que cette expérience va nous rendre plus forts." La volonté suffira-t-elle à briser la spirale infernale ? Rien n'est moins sûr.

Jacques FRENE