Midi Libre, le 20 Février 2004

Guillaume Moullec veut laver l'affront du Parc

La défense ? "Action de repousser une agression dirigée contre soi ou contre d'autres". C'est la version militaire du dictionnaire. La version sportive ? "Manière de s'opposer aux offensives de l'adversaire". La formulation est certes plus douce mais dans les deux cas, on est bien d'accord, il faut dé-fen-dre. Or Montpellier ne sait plus le faire. Les chiffres sont révélateurs de cette incapacité à soutenir et à protéger un homme, un seul, l'ultime recours des défenseurs : le gardien. 45 buts en 24 matches ! Qui dit plus mal ? Aucune équipe de Ligue 1. Qu'il s'appelle Riou, Pionnier ou Viviani, l'identité ne change rien à l'affaire : dur d'être gardien à Montpellier.

Guillaume Moullec, sans pour autant mettre de gants, exerce son métier sur une ligne exposée à la critique. Avec ses partenaires défenseurs, il représente une frontière à ne pas dépasser et sur laquelle les attaquants adverses devraient buter pour ne pas marquer. Se sent-il plus responsable qu'un autre face à cette situation compromettante ? « Quand on constate les résultats et la situation comptable, on ne peut échapper à la critique. Mais Robert Nouzaret insiste beaucoup sur la notion d'équipe, il met en exergue le bloc collectif… Mais bon, on se sent quand même directement concerné quand on prend beaucoup de buts. »

Guillaume Moullec n'est pas ce que l'on peut appeler un titulaire à part entière. Gérard Bernardet l'a régulièrement placé dans la marge du terrain et samedi dernier Robert Nouzaret en a fait de même à l'issue d'une première période durant laquelle Metz a construit sa victoire (1-0) : « La confiance joueur-entraîneur est primordiale. Avec Gérard Bernardet la situation à mon égard était tout à fait claire et elle l'est encore avec Robert Nouzaret : ma sortie à la mi-temps, samedi dernier, répondait à un choix tactique. "Gégé" était proche des joueurs en raison de son antériorité d'adjoint à l'époque de Michel Mézy. Mais l'essentiel est de savoir pourquoi vousne rentrez pas dans un match ou pourquoi vous en sortez. Je crois beaucoup aux bienfaits des relations humaines ».

Sous des aspects un peu bourrus, Robert Nouzaret est un homme de dialogue (parfois passionné) surtout en cette période de doute dans l'équipe et de découvertes pour lui. Après avoir écouté les conseils des techniciens du club (Laurey, Der Zakarian, Delmas), il s'attache à entendre tous les joueurs avant de se faire une idée plus précise sur son groupe et son fonctionnement. Témoignage de Guillaume Moullec qui, lui aussi, est donc passé au parloir : « Le coach est très attentif sur ce que l'on ressent de cette mauvaise période. Il veut savoir dans quel état physique et psychologique chacun de nous se trouve. Son approche du foot et des matches est forcément différente. Quant à savoir si sa venue va changer quelque chose, seul le temps sera un indicateur précis ».

Comme d'habitude, Guillaume Moullec sera dans le groupe. S'il est titulaire à droite de la défense, il voudra comme ses partenaires laver un affront. Non pas celui de Metz mais celui du Parc : « Quand une équipe doute, la prise de décision est difficile sur le terrain. Mais là, nous n'avons plus le temps de repousser l'échéance. Il m'étonnerait que l'on revive la même débâcle qu'à Paris. C'est le genre de match qui n'arrive qu'une fois dans une saison. Nous avons comme un sentiment de révolte par rapport à notre dernier match à l'extérieur. Et paradoxalement, l'identité de l'adversaire, malgré ses qualités, nous ôte la pression… »

En dehors du résultat, on retiendra surtout le film du match. Mais s'il y a le résultat sans un bon scénario, c'est bien aussi.

Jean-Bernard STERNE